Gilbert Naccache, le 13 février 2011
Une information, tout à fait crédible, a été diffusée sur une prochaine annonce de la création d’un nouvel organisme. Je voudrais en faire le commentaire suivant.
Sauf le respect que j’éprouve pour Monsieur Ahmed Mestiri et ceux qui l’accompagnent dans l’initiative de création d’un conseil de protection de la révolution, je trouve cette initiative plutôt mal venue en ce moment, et je crains qu’elle ne soit interprétée par les véritables protagonistes de la révolution comme une nouvelle tentative de « grimper sur la révolution », de la détourner.
On nous annonce que ce conseil comprendra de »représentants des régions ayant contribué à la révolution, dont Sidi Bouzid, Kasserine.. », mais ignore-t-on ou feint-on d’ignorer qu’il s’est déjà constitué, à partir des révolutionnaires eux-mêmes, un Comité National Provisoire de Protection de la Révolution, qui regroupe des délégués de la plupart des Comités de gouvernorat de défense de la révolution (19 sur 24 pour le moment) ? C’est, ou bien la marque d’une méconnaissance grave de ce qui se passe réellement dans le pays, ou bien l’expression d’une inattention à l’égard des initiatives qui émanent d’un autre endroit que la société politique « classique », pourtant absente du démarrage et des progrès du processus révolutionnaire.
Ressaisissez-vous, Mesdames et Messieurs du « Conseil de protection.. », montrez que votre but est de protéger la révolution, exprimez votre soutien au Comité National Provisoire de Protection de la Révolution, mettez à sa disposition vos expériences, vos compétences, votre popularité même, et ne vous présentez pas comme la relève au régime de Ben Ali, comme les organisateurs de la transition. Avec le Comité National Provisoire.., avec les révolutionnaires organisés ou non dans les comités de régionaux et locaux de protection.., vous pouvez jouer un rôle historique. Sans eux, vous vous condamneriez à une gesticulation stérile, et vos prétentions à assurer la direction de la vie politique du pays seront vaines, incapables que vous serez de mobiliser une force populaire ou militaire pour assurer la sécurité dans le pays.
Ne jouez pas le jeu de ceux qui veulent diviser le mouvement pour la victoire de la révolution, cherchez au contraire à unir davantage ce mouvement, à le renforcer, à lui proposer voies et moyens d’aller de l’avant. Le respect que vos itinéraires peuvent inspirer, ne le bradez pas par des comportements que l’on ne jugera peut-être pas à la hauteur du formidable bouleversement de notre société.
publié sur Facebook par Gilbert Naccache le dimanche 13 fevrier 2011
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