Ils demandent un référendum pour limiter les pouvoirs de la constituante élue par le peuple et prolonger ceux d’un président de la république et d’un premier ministre qui n’ont aucune légitimité, et dont le seul mérite est d’avoir préparé les élections à l’assemblée constituante.
Du point de vue de la loi, il impossible de réaliser un référendum d’ici le 23 octobre: il faudrait pour cela 1) que la haute instance prépare un décret-loi pour modifier les prérogatives du président par intérim et lui donner le pouvoir de décider d’un référendum; 2) que le président demande à la Haute instance de préparer le texte des questions à poser (lesquelles et combien, cela devrait entraîner des discussions houleuses à la haute instance); 3) qu’on convoque pour ce référendum dans un délai suffisant; 4) que la haute instance prépare une loi électorale pour le référendum; 5) que l’on prévoit explicitement comment sera organisé et contrôlé ce référendum; 6) que soit prévue l’éventualité d’un non.
Pour réussir à faire tout cela, il faudrait que l’on ne respecte pas les procédures, et que la haute instance et la commission indépendante ferment les yeux sur toutes ces irrégularités et se fassent complices de ce véritable coup, ce que la récente intervention de Yadh Ben Achour semble exclure.
Les partisans de ce référendum, constitués d’un ramassis en apparence hétéroclite de partis politiques issus du RCD et de partis qui étaient dans l’opposition à Ben Ali, mais qui ont tous en commun de redouter l’élaboration d’une constitution démocratique, feignent d’en appeler à la souveraineté populaire pour… bafouer la volonté du peuple : celui-ci veut, par l’intermédiaire de la constitution, reconstruire une société démocratique où soit exclu tout risque de retour d’une dictature. Or, ce référendum, s’il était approuvé, établirait pour la durée de la constituante au moins, la dictature d’un président de la république et d’un premier ministre, légitimés par le référendum, mais échappant à tout contrôle. Ce danger est d’autant plus grand que le premier ministre a nettement affirmé sa volonté d’appliquer l’état d’urgence.
Passons sur la pitoyable posture de ceux qui, en hurlant en faveur de ce référendum, ne s’aperçoivent pas qu’ils sont en train de tirer les marrons du feu pour des destouriens de l’ancien régime (les références de Caid Essebsi à Bourguiba sont claires) qui risquent fort de préparer le retour du RCD au pouvoir. Mais il ne faut pas que l’on puisse trahir la révolution et ses martyrs et montrer un tel mépris du peuple. Celui-ci n’aura alors qu’un recours : reprendre la révolution pour faire dégager ces nouveaux et anciens ennemis de la révolution de janvier.
publié par Gilbert Naccache sur Facebook le 8 septembre 2011
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