Dhali Ghazi
Hier la Tunisie a vécu un moment historique!
Encore un autre diraient certains, cela en fait trop, il est vrai que depuis 2011 et en seulement 3 ans on a vécu un condensé d’événements exceptionnels, plus que ce que l’on a vécu durant 60 ans!
L’événement d’hier est historique, car il signe la première vraie alternance au pouvoir, résultat d’une course électorale, qui malgré les couacs et les erreurs, reste plus qu’honnête et transparente.
Ceci est un fait unique dans notre histoire, moderne et ancienne, mais aussi dans tout le monde arabe, c’est dire la portée de l’événement, mais qui est passé au second plan, vu la nature de l’enjeu.
Hier donc, les tunisiennes et les tunisiens, se sont dirigés en grand nombre, dès les premières heures du matin, aux urnes, conscients que leur vote, leur voix seront déterminants.
Ces tunisiennes et tunisiens, que certains n’ont pas hésité à qualifier d’ignorants, de bêtes, d’irresponsables, d’incompatibles avec la démocratie, ont déjoué tous les pronostics et ont répondu présents, et ceci est de loin la plus éclatante des victoires, la victoire de toute une nation, la victoire de tous les citoyens, la victoire de la TUNISIE!
La leçon a été magistrale, les citoyennes et citoyens, préfèrent et de loin, s’appuyer sur le processus démocratique pour influencer le cour des choses, que de se lancer poings et mains liés dans des aventures dangereuses et à l’issue plus qu’incertaine.
Ces élections se sont déroulées sous le signe du vote utile.
Et le vote utile a finit par produire ses ravages, les petites listes, mais aussi des listes plus prestigieuses, voir même des partis historiques ont tout simplement été gommés, et se retrouvent éjectés du nouveau parlement.
L’issue était prévisible, mais le plus paradoxal, c’est que beaucoup de ces listes, ont joué ce jeu croyant ne pas en être affectées, inutile de dire que la déculotté a été mémorable.
Dans un processus démocratique classique, le vote est le moment de sanctionner, positivement ou négativement, l’action de ceux qui gouvernaient, ou qui ont été associés au pouvoir.
Notre vote, n’a pas dérogé à la règle, même si beaucoup ont cru pouvoir s’en tirer sans rendre des comptes, juste en se drapant des parures de la révolution!
Mais cela n’a pas été suffisant, et le tour de passe passe n’a pas réussi, et si Ennahdha a réussi à limiter les dégâts, la déconfiture du CPR a été importante, alors que celle du FDTL a été monumentale, le voyant presque disparaître de la scène politique!
Nos politiques, seraient bien avisés, d’en tirer les leçons et de comprendre, qu’en démocratie le vote bouge comme un pendule, il va une fois à gauche, une fois à droite, et peut des fois s’arrêter au centre, au delà des clivages et des idéologies, les plus déterminants restent les résultats obtenus, et les déceptions provoquées.
Et il faut dire que la Troïka au pouvoir, en a déçu plus d’uns et trahit bien des attentes, et cristallisé contre elle bien des rejets voir des haines, il était alors ingénu de pouvoir penser qu’elle allait tirer son épingle du jeu.
D’autant plus qu’elle évoluait dans un climat d’hostilité médiatique, sociétale et syndicale sans précédent.
Le grand gagnant de ce jeu, a été le parti Nidee Touness, qui a réussi l’exploit, par l’appel au vote utile, non seulement à battre Ennahdha et arriver en première position, mais il a aussi asséché le bassin “démocratique” dont il a pompé toutes les forces et toutes les voix ou presque.
Il se retrouve ainsi en seul représentant, et seule voix, du modernisme, du progressisme et de la modération, mais si cela a contribué à le placer en tête, et lui donnera la possibilité de désigner le prochain chef du gouvernement, il lui complique sérieusement la tâche, en limitant les alliés avec qui il peut gouverner.
Ceci est d’autant plus dangereux sur le long terme, car le pendule finira bien par revenir de l’autre côté, et Nidee pourrait s’effondrer laissant autour de lui un désert.
Alors que le parlement se dessine assez fragmenté, poussant à des alliances même contre nature, et en l’absence de programmes claires, sur la base desquelles discuter et construire, on s’achemine vers des tractations infinies, et des marchandages au dernier souffle!
Les alliances seront une obligation, mais encore faut-il que l’on veuille vraiment gouverner, et que l’on ne cherche pas coûte que coûte l’instabilité, pour provoquer la dissolution et pouvoir rejouer en position de force.
En effet les législatives, seront suivies des présidentielles, dans moins d’un mois exactement, et les présidentielles deviennent le prochain enjeu, la deuxième pièce du puzzle, qui peut par son résultat infléchir complètement la donne.
La tentation, devant un parlement divisé, et une majorité cacophonique ou même impossible, sera grande de dissoudre, et de faire rejouer la partie, et seul le président peut le faire.
On comprend alors, que dès les moments d’euphorie, ou de tristesse, passés, les partis se jettent corps et âmes, dans ce qui s’annonce le vote de rattrapage, ou de consolidation.
Autant dire, que les moments historiques continuent de plus belle et que l’on n’a pas finit de s’étonner et d’étonner!
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