Takwa Haddad
Confinement, restrictions, distanciation sociale et peur: nos vies ont complètement changés depuis l’arrivé du COVID-19. Nos habitudes sont bouleversées et chacun dans sa façons cherche de trouver une nouvelle quotidienneté malgré les difficultés.
Chaque pays a adopté des mesures pour arrêter la contamination et réduire les cas positifs en attendant un vaccin. En Europe le premier pays touché par le virus est l’Italie avec: 108237 cas positifs (20 avril 2020) et 48877 cas de guérison mais le nombre des décès reste encore élevé avec 24114 morts.
Et la diaspora tunisienne en Italie? Comment vivent-ils et surtout en cas de mort et sans la possibilité de rentrer en Tunisie quelle est la procédure pour la sepolture? On a posé des questions aux associations tunisiennes en Italie et à la communauté islamique en Italie pour comprendre et rassurer les familles des migrants en Tunisie.
Les tunisiens en Italie sont estimé être 108225 selon le ministère de l’intérieur italien, dont les catégories les plus vulnérables dans cette situation d’urgence sont: les migrants tunisiens sans papier et les étudiants universitaires en échange.
L’Italie, aussi que beaucoup de pays européens, découvrent l’absence des cimetières pour les musulmans et les communautés s’organisent ensemble.
Comment intervenir donc avec ces catégories?
Ridha Mechergui est le président de l’Alliance des associations Tunisiennes en Italie et il nous explique que: “Les services et les aides étatiques italiens sont biensure disponibles aux tunisiens résidents qui se trouvent en situations de difficulté, mais les plus vulnérables comme les étudiants ou les sans papiers restent exclues”.
Monsieur Mechergui en coordination avec les association tunisiennes en Italie (qui sont presque trente sur le territoire italien) explique que la stratégie adoptée pour faire face à l’urgence est la coordination entre la communauté: “On collecte les témoignages à travers les réseaux sociaux, les signalements des citoyens, les appels et on organise les aides alimentaires, les médicaments à travers les donations et les volontaires.”
Dans la ville de Torino la communauté tunisienne et l’association “Carthage Torino” pour faire face aux besoins des étudiants a organisé une campagne de solidarité en réalisant un point de collect et distribution des genres alimentaires au centre ville.
“Les donations continuent à arriver et tous les tunisiens collaborent avec les ressources disponibles, malgré la fermeture des industries et l’augmentation des chômeurs tout le monde veut contribuer”.
Les étudiants tunisiens travaillent surtout dans la restauration mais depuis la fermeture des restaurants, la plupart a perdu le travail. Sirine Ghrib (membre du conseil de direction de l’Alliance des associations tunisiennes) explique que pour soutenir les étudiants tunisiens ont lancé une campagne de financement sur le site GoFundMe.com : “On a pensé aux solutions pour donner un premier appui mais il nous faut une stratégie de coordination avec les institutions pour organiser les rapatriements ou biens des aides concrets. Les étudiants nous appellent pour savoir s’il y a des nouvelles sur leurs situations mais nos ressources sont limitées et on n’arrive pas à répondre aux besoins.” Les associations tunisiennes et italiennes travaillent ensemble en coordination pour faire face à la crise.
Le député Sami Ben Abdelaali a déclaré aujourd’hui à ShamsFM que le gouvernement tunisien a envoyé, à travers le ministère des affaires sociales, des fonds pour les étudiants en difficultés qui seront distribués par le consulats. En ce qui concerne les tunisiens sans papier monsieur Abdelaali a déclaré qu’ils sont en train d’étudier une solution avec les institutions italiennes et la société civile. Le consulat de Genova et Milano ont publié sur leur page facebook des contacts en cas d’urgence, et avec Tunisair sont en train d’organiser des vols pour les tunisiens qui souhaitent rentrer en Tunisie.
En cas de mort d’un musulman en Italie, quelle est la procédure?
Selon la religion musulmane les rites funéraires sont très importants pour le soutien familial et pour accompagner les proches dans leur dernier voyage. Pour comprendre la procédure d’enterrement musulman et les rites funéraires en Italie on a contacté Mme Nadia Bouzekri, vice-présidente de l’UCOII (Union communautés organisations islamiques en Italie).
“Ca dépend de la nationalité. Généralement les consulats organisent le retour de la dépouille dans les pays d’origine, en suivant la volonté du défunt et de sa famille. Pour les musulmans convertis il y a des espaces dédiés dans les cimetière, qui malheureusement ne sont pas présents sur tout le territoire italien. Aujourd’hui on compte presque 50 cimetières sur le territoir national, qui sont en train d’augmenter grâce à la coopération entre les communautés musulmanes et les municipalités italiennes pour faire face à l’urgence du Covid-19.”
Concernant la fermeture des frontières vers les pays d’origine, quelle est la situation?
“Pour les défunts musulmans qui rendent l’âme dans cette période, en tant que UCOII on essaye d’organiser avec leurs familles, les mosqués l’enterrement en Italie et les pompes funèbres, en respectant les rites funéraires musulmans et le protocol mis en place par l’organisation mondiale de la santé. On donne un appui aux familles pour la préparation des papiers et le paiement des dépenses funéraires qui sont environ entre 1300/1500 euro. On est toujours en contact avec les autorités locales italiennes (les préfectures notamment) pour trouver des espaces dans les cimetières et à part l’Imam il y a que six/sept personnes qui peuvent participer au funeraire tout en respectant les distances de sécurité. J’en profite pour souligner qu’aucun défunt a subi l’incinération, les dépouilles sont enterrées en suivant les rites religieuses mais en respectant le protocole très strict d’inhumation mis en place par les autorités italiennes. La toilette rituelle a été interdite par le conseil européen des imam aussi que la possibilité de ramener la dépouille dans la maison familiale
Et pour les immigrés qui vivent seuls en Italie?
Nadia explique: “Dans ce cas on contact la communauté musulmane de sa ville de résidence, après à travers les concitoyens et les mosqués il y a un communication avec les familles dans les pays d’origine pour l’autorisation à la sépulture. On garde chez nos centres les biens du défunt en attendant la réouverture des frontières pour les envoyer aux familles. Il y a une grande collaboration entre les communautés dans ce moment. Les gens se soutient et accompagne le défunt vers le lieu du repos comme un membre d’une seule famille. “
Pour les défunts tunisiens qui ont rendu l’âme dans cette période?
La loi tunisienne prévoit le rapatriement de dépouille mortelle en Tunisie et les frais de rapatriement sont à la charge de l’Etat tunisien qui s’occupe aussi des formalités administratives à travers le service consulaire.
Le 12 mars 2020 la Tunisie a fermé ses frontières en soulevant le problème du rapatriement des dépouilles. Pour le trente défunts tunisiens qui ont rendu l’âme dans cette période les association tunisiennes en coordination avec les consulats et les familles ont organisé les funérailles, en contactant les pompes funèbres, en aidant les familles dans la préparation des documents et en accompagnant les défunts dont les proches se trouvent en Tunisie.
Faouzi Haj Sassi (le président de l’association “Carthage Torino”) est parmis les volontaires tunisiennes qui s’occupent du soutien aux concitoyens en Italie et qui explique: “On est toujours en contact avec les consulats et les représentants du peuple pour trouver des solutions. On continue à faire pression sur les institutions tunisiennes pour recevoir un minimum du soutien dans cette période. On connaît les exigences des concitoyens: les jeunes universitaires, les sans papiers, les familles des défunts et on ne peut pas continuer sans un soutien institutionnel”
Faouzi explique aussi que les associations donnent un soutien psychologique aux familles qui souvent se culpabilisent pour l’impossibilité d’accompagner leurs proches.
Aujourd’hui 20 avril, le quotidien AnconaToday reporte la guérison d’un femme tunisienne et de son fils. Les nouveaux cas en Italie sont en diminution mais les effets de cette crise sanitaire seront le prochain défis.
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